Paolo Loeffler est Directeur Général du Centre d’art numérique Kunstkraftwerk à Leipzig (Allemagne). Depuis quelques années, il œuvre au développement de nombreux projets d’expositions numériques et immersives. Antoine Roland s’est entretenu récemment avec lui pour revenir sur son parcours, échanger sur ses différents projets et évoqué la prochaine édition du NUMIX LAB dont il est partenaire. Il nous accueillera la journée du 27 novembre pour découvrir l’écosystème créatif et digital de Saxe et partager sur le lancement d’un réseau international de salles immersives indépendantes.
AR – Pour commencer, pourriez-vous vous présenter et revenir sur votre parcours ?
PL – J’ai commencé ma carrière comme ingénieur. J’ai travaillé en France, en Allemagne ou en Chine, dans des entreprises IT, des start-ups et dans l’industrie automobile (notamment, Mercedes) pour développer des projets et des offres numériques. Ces premières expériences de l’innovation numérique ont été fondamentales pour aborder les enjeux de création et de production inhérents à tout projet. Ces compétences sont essentielles pour œuvrer désormais à l’exploitation et au développement d’un lieu culturel tel que le Kunstkraftwerk. En parallèle de ces différents projets, j’ai découvert l’art visuel en initiant une collection personnelle et en collaborant à la production d’expériences artistiques et culturelles. C’est donc progressivement et naturellement que je me suis investi à temps complet dans le secteur artistique et culturel en rejoignant le Kunstkraftwerk il y a quelques années. Je suis désormais directeur général de ce lieu.
AR – Pouvez-vous nous présenter le Kunstkraftwerk et ses différents projets ?
PL – Le Kunstkraftwerk est un très beau lieu, une ancienne usine désormais dédiée à la fabrique artistique et créative numérique. Rachetée en 2012, 2 à 3 ans de travaux ont été nécessaires pour transformer cette usine de l’ex-RDA en lieu culturel. Dès le lancement de ce lieu, nous avons souhaité proposer une offre culturelle à nos visiteurs (venus de Berlin, de la région mais aussi de toute l’Allemagne) qui leur donne envie de mieux connaître les musées tout en créant de l’émotion, et, l’immersion numérique contribue à cela.
Après avoir réalisé différentes expositions, nous avons rapidement fait le choix, dès 2016, d’accueillir des productions culturelles numériques et immersives tels que des expositions produites sur Van Gogh, Hunderwasser ou Bansky, et ce, avant que le marché ne se soit développé. A cette période, seuls TeamLab et les Carrières des Lumières aux Baux-de-Provence existaient.
En contact avec une diversité d’acteurs de la scène immersive, notre ligne éditoriale ne se fixe pas à un domaine artistique car nous collaborons avec beaucoup d’artistes mais aussi avec d’autres partenaires issus aussi bien de l’entertrainment (comme pour Alice in Wonderland en 2023 / 2024) que du secteur muséal (à l’instar d’une production avec le Musée du panorama et Art Centrica, spécialiste leader dans la numérisation de tableaux, basé à Florence).
Pour chaque exposition, nous voulons trouver de nouveaux chemins entre une approche très scientifique mais aussi artistique et technologique. Ces nouveaux formats favorisent des usages très flexibles : au-delà des expositions nous accueillons des ballets, des performances ou des concerts.
Certaines expositions sont produites par nos soins, d’autres sont proposées en lien avec des artistes à l’instar de l’artiste digital Gianfranco Lannuzzi (qui a travaillé sur les expositions immersives de Culturespeaces depuis 2010) ou via des contrats de licencing avec d’autres salles immersives ou studios de création. C’est le cas, par exemple, de l’exposition Dali actuellement proposée avec Layers of Reality.
Par ailleurs, au-delà de ces projets, nous travaillons beaucoup avec le festival d’art numérique Bright Festival en mettant à disposition nos espaces et en participant à la production de l’événement. C’est une collaboration essentielle qui nous permet d’expérimenter de nombreux formats et d’entrer en dialogue direct avec de nombreux artistes.
AR – Vous participez activement à l’organisation de la 5e édition du NUMIX LAB en Allemagne (25 au 29 novembre) en accueillant notre délégation durant une journée entière à Leipzig. Qu’attendez-vous du NUMIX LAB ?
PL – Le NUMIX LAB très intéressant pour nous et nous sommes très heureux d’accueillir cet événement à Leipzig. Ce sera une bonne occasion de présenter le dynamisme du secteur des nouveaux médias en Allemagne et de montrer aussi que Leipzig est une scène très active dans ce domaine. Ce sera aussi l’occasion de faire la connexion entre les différents joueurs de cette scène internationale qui se développe autour de l’immersif. En Europe, nous ne sommes pas aussi fédérés qu’au Québec et mettre en place des collaborations est particulièrement essentiel pour nous. Vous avez réussi à créer un événement itinérant, à réunir et à mixer des participants très intéressants qui viennent autant du secteur culturel que de l’audiovisuel. C’est de ce mixage que se crée l’innovation.
Le NUMIX LAB sera accueilli à Leipzig le mercredi 27 novembre, occasion de découvrir le dynamisme de cette ville en termes de créativité numérique et d’échanger sur le lancement d’un réseau de salles immersives indépendantes (pour voir le programme dans son intégralité et en savoir plus sur le NUMIX LAB). Un grand merci à Paolo Loeffler pour son temps et sa disponibilité !