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3 juillet 2023

3 QUESTIONS A : Marine HAVERLAND (FOMO.SCENE).

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En 2021, Marine Haverland a co-fondé avec Laure Hendrickx fomo.scene, une agence immersive pour les arts située en Belgique. Elles ont récemment lancé une exposition d’œuvres immersives : Reset Immersive. Cette exposition sera présentée du 22 février au 14 mai 2023 dans un nouveau lieu dédié aux cultures digitales et électroniques à Bruxelles : RESET. Ce lieu a été créé dans le cadre d’une occupation temporaire d’espaces par Bozar, LaVallée et UnderMyGarage. Plus de 3 000 tickets ont été vendus depuis février pour une exploitation 5 jours / semaine (jauge de 10 spectateurs par visite). Antoine Roland s’est entretenu avec Marine Haverland pour revenir sur son parcours, et présenter plus avant ce lieu d’exposition particulièrement inspirant.

1. AR – Pour commencer, pourriez-vous vous présenter et revenir sur votre parcours ?

MH – A l’origine, je viens du monde du cinéma. J’ai notamment travaillé entre 2009 et 2012 chez Versus Production. Cette première expérience m’a permis de contribuer au développement et à la production de films de fiction long métrage. Mon envie d’innover en termes de formats m’a ensuite donné envie de créer ma première société en 2012 : Aura Films. Cette société avait pour objectifs de développer des projets de Web séries et transmedia en parallèle d’activités de conseil en production. 

En lien avec notre activité, nous avons créé un festival, le Liège Web Fest qui s’est tenu de 2013 à 2016. La dernière édition du festival a été l’occasion d’accueillir et de programmer des œuvres en réalité virtuelle. C’est dans ce cadre que j’ai découvert le potentiel créatif et artistique de la VR.

Le Liege Web Fest, un festival dédié aux nouveaux formats audiovisuels développé de 2013 à 2016.

Suite à cette expérience, j’ai travaillé chez Screen.Brussels de 2016 à 2021 afin d’accompagner des entreprises bruxelloises dans la production de nouveaux formats (transmedia, VR, jeux vidéo) et de susciter et développer des productions internationales.

Enfin, il y a 2 ans, nous avons créé Fomo.scene avec Laure Hendrickx afin de conseiller les institutions culturelles dans le développement de leurs projets numériques et immersifs. C’est dans la suite logique de cette activité que nous avons souhaité accompagner la création de RESET, un lieu dédié aux formats artistiques immersifs.

2. AR – Comment vous est venue l’idée de créer Reset ?

MH – Avec RESET, nous sommes reparties de zéro en appliquant les conseils que nous prodiguions de façon concrète dans un lieu. 

RESET est situé dans les locaux d’une ancienne banque réinvestie de façon transitoire.

1 800 m² sont ainsi réinvestis de façon transitoire avant le début des travaux en 2024 et la réaffectation de ces locaux à la police de Bruxelles. Entre ces deux destinations très institutionnelles et après 20 ans de squat, l’idée a émergé avec Arty Farty Bruxelles, Fomo.scene, Bozar, LaVallée et UnderMyGarage de faire de cet endroit, un lieu entre urbex et cultures électroniques.

RESET est devenu depuis le début de l’année un lieu de culture transitoire à découvrir à Bruxelles.

Nous avons donc réuni les financements nécessaires, mis en place la logistique et suivi les travaux pour réhabiliter le lieu. Nous n’avions pas forcément la volonté de tout gérer mais finalement, nous avons tout fait. Le lieu désormais accueille des concerts, des spectacles, des expositions et un ensemble d’autres évènements.

L’exposition RESET Immersive met en avant différents formats d’art numérique et immersif.

Avec Laure, mon associée, nous avons assuré la curation des œuvres que nous souhaitions exposer pour cette première exposition RESET immersive (du 22 février au 4 mai). 

L’œuvre de Laeticia Bica à découvrir dans ce lieu.

Il nous semblait essentiel de mettre en avant la créativité belge en accueillant des artistes belges comme Laëticia Bica mais aussi d’accueillir des œuvres d’Antoine de Schuyter (allemand), de proposer une multiplicité de formats immersifs entre mapping et réalité virtuelle.

3. AR – Quels sont les enjeux et les défis auxquels vous vous êtes confrontés ?

MH – Le premier défi auquel nous nous sommes confrontés est celui du lieu. Il nous a fallu investir un lieu de 2000 m2 humide, sans chauffage et sans électricité. Nous avons dû tirer des câbles et mettre en œuvre toutes les conditions pour bien accueillir nos publics.

Le deuxième défi est financier. Le projet d’investissement du lieu a été financé par la loterie nationale, la ville de Bruxelles, la région Bruxelles Capitale, la fédération Wallonnie Bruxelles et la commission des arts numériques. En phase d’exploitation, nous avons besoin de développer nos recettes pour asseoir notre modèle économique et assurer la médiation qui reste au cœur de notre projet (3 mediateurs / trices). Selon le moment de la journée et le type de visiteurs, nous avons donc établi un tarif entre 8 et 16 euros. 

Le troisième défi, est celui de la construction d’une image ex nihilo. Pour cela notre partenariat avec Fever pour la billetterie et la communication digitale ainsi qu’avec une attachée de presse pour développer les retombées médias (de nombreux articles pour en savoir plus sur RESET ont été publiés) ont été essentiels.

Chez Fomo.scene, nous nous interrogeons sur la façon de convaincre des lieux à développer des formats immersifs (musées, galeries, théâtres, etc.) mais qui manquent de financements. Nous souhaiterions désormais faire de RESET une carte de visite pour montrer ce que l’on sait faire.