{CORRESPONDANCES DIGITALES] en collaboration avec Museum Connections propose cet article dédié à l’écoresponsabilité et à la durabilité. Cette publication s’inspire des nombreux retours d’expériences réalisés lors de la dernière édition du salon. Pour plus d’opérationnalité, elle reprend la démarche proposée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) afin de de mettre en œuvre une stratégie Bas Carbone. Cette démarche est adaptée selon 4 étapes :
- Comment évaluer des émissions de GES (gaz à effet de serre) dans un établissement culturel ? Réaliser un diagnostic via des outils de mesure adaptés ;
- Comment développer une stratégie bas carbone ? Retours d’expérience sur des plans de développement durable ;
- Comment mettre en œuvre et suivre un plan d’actions ? Les musées, entre conception de produits durables, sensibilisation des visiteurs et rénovations énergétiques ;
- Comment évaluer une stratégie de développement durable ? Focus sur les expériences et dispositifs numériques.
1. Comment évaluer des émissions de Gaz à effet de serre (GES) dans un lieu culturel ? Réaliser un diagnostic via des outils de mesure adaptés
A l’instar d’autres acteurs économiques ou publics, les lieux culturels impliqués dans une démarche d’écoresponsabilité se fondent sur la notion d’empreinte carbone. Cela consiste à prendre en compte les flux physiques générés par une activité et ce qu’ils engendrent en termes d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Le scientifique Jean Marc Jancovici, l’un des créateurs de l’empreinte carbone, recommande une analyse globale pour connaître la « pression totale que l’on exerce sur son environnement en matière de gaz à effet de serre » via un ensemble d’éléments qui peuvent aussi être mesurés dans des lieux culturels:
- Le chauffage des locaux, l’électricité et l’eau (dont les évaporations et fuites éventuelles) ;
- Les émissions liées aux déplacements domicile-travail et durant leurs heures de travail des salariés aux déplacements (idem pour les fournisseurs) ;
- L’usage de matériaux pour fabriquer des produits dérivés (ex : emballages), des activités ou des expositions ;
- La construction du bâtiment occupés (même en cas de location) ;
- Le traitement des déchets induits directement ou indirectement par les activités d’un lieu.
Des méthodes dont s’inspirent le Glenstone Museum (USA) pour mesurer l’empreinte carbone de chacune de ses activités (mesure d’impacts et compensations) avec l’ambition d’être l’un des musées le plus vertueux et le plus respectueux de l’environnement à un niveau mondial. Paul Tukey, directeur des études environnementales de ce musée, a présenté cette stratégie de mesure d’impacts lors de la conférence Transition Verte : Comment mettre en œuvre le développement durable ? organisée lors de Museum Connections 2022. Pour mesurer son impact, le musée a identifié les postes émettant le plus de CO2 (utilisation de l’électricité, trajets des visiteurs et du personnel) et à prioriser un ensemble de mesures à prioriser pour compenser ces impacts :
- Accroissement du recyclage des produits manufacturés utilisés dans le musée (ex. 80% des objets de bureaux sont recyclés) ;
- Sensibilisation des équipes (ex. création en 2019 d’un centre de formation à l’environnement abordant les thèmes de la construction énergétique, du recyclage, de la reforestation…) ;
- Exploitation et entretien des éléments naturels du parc du musée (d’environ 300 hectares !) : 11 000 arbres plantés, développement de l’autonomie alimentaire in situ, mise en place de ruches, de récupérateurs d’eau de pluie, usages de l’énergie éolienne, entretien et exploitation des zones humides (depuis 2010) …
Autre témoignage abordé lors de cette conférence, celui d’Elsa Boromée, conseillère Développement durable au Muséum national d’histoire naturelle. Elsa y a présenté une démarche mise en œuvre par le Muséum national d’histoire naturelle accompagné d’un bureau d’étude pour mesurer les impacts carbone et biodiversité liés aux activités de ses 13 sites (recherche, enseignement, expertise, diffusion et collection). Dans le cadre de cette démarche, le Muséum a utilisé l’outil Bilan Carbone pour établir son impact carbone et l’outil Global Biodiversity Score pour identifier l’impact des décisions d’achat de l’établissement sur la biodiversité. Il est également prévu de poursuivre cet engagement en utilisant un outil développé par les équipes du Muséum permettant d’identifier l’impact de la gestion de ses différents sites sur la biodiversité.
En 2017-2018, le Muséum a conduit une analyse du cycle de vie de l’exposition Espèces d’Ours. Cette analyse a permis d’identifier et mesurer les impacts des expositions temporaires. Les préconisations tirées de cette analyse ont été mises en œuvre lors de l’exposition Aux frontières de l’Humain.
Les analyses de l’empreinte carbone et des coûts énergétiques d’un bâtiment sont aussi primordiales lors de la construction ou la rénovation d’un bâtiment muséal. L’objectif étant d’assurer la juste conservation des œuvres in situ face aux épisodes climatiques extrêmes (ex. les inondations en Australie qui ont eu un impact sur la 23ème Biennale de Sydney, augmentation des factures énergétiques impactant considérablement la préservation des animaux comme c’est le cas à l’aquarium de Paris…) tout en diminuant l’impact énergétiques. Des enjeux colossaux devant s’ajuster avec les législations strictes sur la conservation des œuvres.
Après l’analyse de l’empreinte carbone d’un établissement culturel, une phase stratégique peut être mise en vigueur pour déterminer des objectifs bas carbone.
2. Comment développer une stratégie de bas carbone ? Retours d’expérience sur des plans de développement durable
De nombreux musées et lieux culturels intègrent structurellement les enjeux de développement durable via des stratégies d’envergure. Comme évoqué lors de cette conférence à Museum Connections précédemment évoquée, Transition Verte : Comment mettre en œuvre le développement durable ?, les exemples des stratégies de développement durable adoptées par le Victoria and Albert Museum (V&A) et la SNELAC sont, à ce titre, très inspirants.
Le V&A accueille environ 4 millions de visiteurs par an. Depuis quelques années, l’institution culturelle londonienne a mis en place des mesures écologiques au sein du musée pour « permettre aux citoyens, par le biais de l’art, du design et de la performance, de contribuer au bien-être de la planète et de façonner des avenirs durables » selon les mots de Sara Kassam, responsable du développement durable du musée. Un objectif ambitieux qui a nécessité d’impliquer l’expertise de l’ensemble du personnel du musée pour faire de la durabilité une valeur clef à toutes les couches de l’organisation – du conseil d’administration aux personnels d’accueil des visiteurs. 800 heures de formations auprès du personnel ont ainsi été délivrées ces dernières années. Par ailleurs, la notion de développement durable est désormais intégrée en amont des différents projets muséaux en termes d’offres, de services, de rénovation ou d’embauches… (pour en savoir plus, voir le sustainability plan du musée).
Autre voie vers une transition verte, la mise en réseau et la mutualisation des ressources et des expertises. C’est la voie qu’a choisie le Syndicat National des Espaces de Loisirs, d’Attractions et Culture (SNELAC). Cette organisation professionnelle réunit un ensemble d’exploitants de sites de loisirs et de culture privés français (ex. Puy du Fou, Parc Astérix, Micropolis, DéfiPlanet…). Lors de cette conférence, Laura Gournay, responsable du pôle exploitation, évoquait le souhait de ce syndicat d’« accompagner l’ensemble des sites de loisirs et culturels français dans la mise en place d’une démarche de développement durable sur le long terme, avec une approche d’amélioration continue ». Un label de certification « Divertissement Durable » a, par conséquent, été mis en place en 2018 pour inciter les sites adhérents à accroître leurs efforts en la matière. Pas moins de dix-huit indicateurs sociaux, économiques et environnementaux complétés par 119 critères sont nécessaires pour recevoir ce label. Une vingtaine de sites sont aujourd’hui labellisés.
La dernière édition de Museum Connexion a permis de partager des stratégies d’établissement ambitieuses qui permettent aux lieux culturels d’être acteurs de la transition écologique. Plusieurs exemples liés à la conception de produits dérivés, de médiations et de rénovations permettent aussi d’illustrer pertinemment ces stratégies écoresponsables.
3. Comment mettre en œuvre et suivre un plan d’actions ? Les musées, entre conception de produits durables, sensibilisation des visiteurs et rénovations énergétiques
Fin septembre, la plupart des grands établissements nationaux ont remis à la ministre de la culture, Rima Abdul Malak, un bilan de leurs actions et propositions pour réduire leur consommation énergétique. A l’issue de ces réflexions, un plan global sur la transition écologique du secteur culturel est prévu (en janvier 2023). Une actualité qui fait écho à “L’appel à agir pour une culture durable partagée” engagé par la municipalité de Lille et une vingtaine de villes européennes le 1er octobre dernier. Par cet appel, les villes signataires ont décidé de mettre en valeur différentes initiatives répondant aux enjeux énergétiques et de développement durable dans le secteur culturel. Des enjeux qui soulignent la nécessité, pour les établissements culturels, d’ajuster en interne leurs méthodes de travail comme c’est le cas avec les produits dérivés ou les expositions in situ.
Développer des produits dérivés écoresponsables.
Concernant la conception de produits dérivés, la conférence Tendance Retail : Eco-Friendly réalisée lors de l’édition 2022 de Museum Connections est en ce sens particulièrement inspirante. Dans cette optique, Jeanine AALFS, retail Manager au Tropenmuseum d’Amsterdam a initié sa présentation en rappelant que « le développement durable est important pour les visiteurs qui le montre par leurs achats ». C’est dans cette logique qu’en 2017 une collection textile inspirée de l’exposition permanente plus écoresponsable a été confectionnée. Pour ce faire, le musée a, d’abord, sélectionné un prestataire hollandais, ReBlend reconnu pour sa réutilisation de tissu en coton en seconde vie pour recréer du fil de couture. Sur la base de ce fil, une collection a été conçue au Portugal (temps de déplacement moins long et moins énergivore) en privilégiant le tricotage au filage pour favoriser des procédés, a priori, 20 fois moins énergivores. Cette collection est encore aujourd’hui dans le top 10 des ventes du musée.
Chez Arteum, l’entreprise de concept-stores d’art, de design et de produits spécialisé dans le secteur culturel (Musée de Confluences, Carnavalet, Musée de l’Armée…), une vision similaire est adoptée pour conjuguer ventes et développement durable. « Les boutiques de musées sont des lieux de référence pour se faire plaisir et faire plaisir aux autres avec des produits qui font sens et qui racontent une histoire » évoquait Stéphanie Bernede, directrice des achats et collections lors d’une conférence richement illustrée sur le « Made in Locally ». Pour la papeterie disponible dans ces concept-stores (comme celle, par exemple, de la tour Eiffel), les impressions sont désormais réalisées localement. Une attention particulière est aussi accordée aux labels sur les encres bio et à la déforestation. Certains objets textiles sont, quant à eux, réalisés le cadre d’un projet de réinsertion sociale 0 l’image du projet de l’atelier de confection 13 A’tipik. Cet atelier mobilise des hommes et des femmes en situation d’exclusion pour fabriquer à Marseille des objets textiles et de fournitures scolaires (trousses, cahiers…) vendus, notamment, dans la boutique du MUCEM.
Des expositions pour sensibiliser et engager les visiteurs.
L’engagement de différents musées pour la cause environnementale se traduit de plus en plus dans la programmation culturelle qu’ils proposent. C’est le cas, bien sûr, des aquariums ou des muséums en avant-poste sur ces sujets. La conférence Comment sensibiliser aux questions environnementales ? met en avant de nombreux exemples tels que ceux de NAUSICAA ou du Museum national d’histoire naturelle Museum für Naturkunde Berlin.
« Les publics sont de plus en plus avertis et sensibles sur les questions environnementales » avertissait Christine Causse, conseillère scientifique à NAUSICAA, le centre national de la mer situé à Boulogne-sur-Mer. Ce lieu culturel et scientifique réuni plus de 8 000 animaux, 1 600 espèces différentes avec quatre missions principales : loisir, pédagogie, diffusion scientifique et mobilisation des publics.
Pour embarquer ses visiteurs sur le rapport entre activités humaines et réchauffement climatique, NAUSICAA a repris son parcours permanent en 2020 désormais intitulé Dans l’œil du climat. Cette exposition expérientielle immerge les visiteurs dans différents événements climatiques grâce à des médiations innovantes et des technologies numériques (diffusion en mapping d’un film de 5 minutes, sans commentaires, dans une salle de 100 m2 et jusqu’à 7 m de haut). Après ce parcours de sensibilisation sur les milieux marins, un espace, le Challenge Nausicaa, a été créé pour inciter les visiteurs à se prendre en photo et choisir une des 14 actions concrète à réaliser en faveur de l’environnement telles que « Pour les trajets courts, je choisis le vélo ou la marche » (3 147 votes) ou encore « J’éteins mes appareils électriques plutôt que de les laisser en veille » (2 478 votes).
Du côté Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN), Agnès Parent, Directrice des publics, a présenté une stratégie construite autour des publics non engagés et des publics déjà engagés. Pour les premiers, des expositions immersives ont été conçues dans le but de les sensibiliser sur l’écosystème animalier (ex. l’expérience en réalité augmentée ReVivre sur les animaux disparus, l’exposition immersive L’Odyssée Sensorielle sur différents écosystèmes naturels). Un panel d’offres et de services ciblés existent également tels que les nocturnes pour les jeunes adultes ou les festivals d’illumination chaque hiver pour les jeunes publics. Pour les publics déjà engagés, plusieurs programmes de recherches participatives ont été instaurés pour créer des liens entre chercheurs et citoyens. Depuis la rentrée 2022, le programme Histoires de Nature a ainsi été ouvert pour documenter l’anthropocène, c’est-à-dire la perception du changement de notre environnement. Un projet qui permet à tous de rechercher et soutenir l’expertise scientifique afin d’aider les chercheurs à récolter des données ou à contribuer à des projets de recherche. C’est aussi un outil de partage public de connaissance. Et, pour le MNHN, un moyen d’engager visiteurs et bénévoles vers le développement durable en donnant envie d’aller visiter l’un de ses 13 sites.
Le développement des publics et le développement durable peuvent ainsi bénéficier d’une stratégie commune comme c’est aussi le cas au Museum für Naturkunde Berlin. Dans ce musée d’histoire naturelle drainant principalement un public familial, l’établissement a misé sur une politique de développement des jeunes adultes actifs (16-40 ans). Avec comme objectif de concentrer la sensibilisation écologique auprès des visiteurs les plus susceptibles de modeler le monde de demain.
Des actions pour optimiser l’impact énergétique ou rénover le bâtiment d’un lieu culturel.
La rencontre internationale Green Museums Summit 2022, organisée par le média spécialisé MuseumNext, a permis à de nombreux acteurs muséaux d’échanger sur leurs pratiques de développement durable. Plusieurs intervenants ont souligné l’importance de la rénovation écoresponsable des bâtiments, dont le Musée Guggenheim de Bilbao.
Pour diminuer l’impact environnemental de son bâtiment tout en préservant l’intégrité des oeuvres, le musée a identifié trois axes d’améliorations :
- CONSERVATION : Assouplissement des normes climatiques in situ d’un degré. Désormais, la température acceptée au sein des 10 000m2 du musée sera entre 19° et 23°, contre 20° à 22°. Une économie de 40 000e par degré et par an sur la facture énergétique ;
- ÉCLAIRAGE : Depuis 2015, remplacement progressif de l’ensemble des ampoules à filament ou halogènes traditionnelles en un éclairage LED (diminution de 92% de demande énergétique pour une économie annuelle de 250 000€). Une prochaine étape transitoire est déjà prévue pour installer des filtres mécaniques de lumière faisant varier l’intensité lumineuse selon la lumière du jour ;
- LOGISTIQUE : Réduction de la construction de murs neufs pour les expositions, location de boîtes de transports d’œuvres auparavant construite spécialement pour une occasion unique.
Les différents exemples et retours d’expériences présentés au Museum Connections soulignent pertinemment la diversité des champs d’actions réalisables in situ en faveur du développement durable. Dernière étape pour mettre en œuvre une politique Bas Carbone, l’évaluation des actions menées. Une étape qui peut s’avérer complexe, particulièrement pour les dispositifs et expériences numériques.
4. Comment évaluer la pertinence d’une stratégie de développement durable ? Focus sur les dispositifs et expériences numériques
Le succès des formats des expositions immersives (ex. l’Horizon de Khéops à l’Institut du monde arabe, Exposition Pompéi au Grand Palais, l’installation en réalité virtuelle du Paléosite de St-Césaire…) ou bien de nombreux dispositifs numériques in situ n’échappe pas à une analyse écoresponsable, en dépit des difficultés à évaluer réellement leurs impacts en raison de la spécificité des technologies audiovisuelles.
« Acheter les équipements les moins puissants possibles, les changer le moins souvent, et réduire les usages énergivores superflus » proposait le Shift Projet dans une étude intitulée Pour une sobriété numérique. Selon cette organisation, le numérique serait responsable de 4% des émissions de gaz à effet de serre mondiales, avec une répartition de 45% de la consommation d’énergie pour la production des appareils numériques et 55% pour son utilisation (en particulier pour le stockage des données audiovisuelles). Des impacts à mettre en perspective avec les impacts sociaux (conditions des travailleurs dans les zones d’extractions des ressources) et de conception (extraction des matières premières).
Plusieurs outils peuvent être mobilisés pour mettre en place une politique de numérique responsable :
- NegaOctet (subventionné par l’ADEME) : un référentiel pour mesurer l’impact environnemental des services numériques et proposer des pistes d’amélioration ;
- GR491 : 57 recommandations pour la conception responsable de services numériques ;
- RGAA : aide dans l’amélioration de l’accessibilité de vos services numériques.
Ces différents constats et ressources ont été évoqués par Marguerite Courtel, fondatrice de l’agence Les Augures, dans la conférence Favoriser la transition numérique tout en contrôlant son empreinte organisée lors de la dernière édition de Museum Connections. Selon elle, les deux principales activités numériques les plus impactantes dans la culture sont les équipements (à garder le plus longtemps possible selon la loi des 5 R : Réduire, Réutiliser, Recycler, Refuser, Résister) et la vidéo (80% de la bande passante du web, 1% des émissions mondiales, l’équivalent d’un pays comme l’Espagne).
Des données qui mettent en perspective le dilemme actuel de nombreux musées : le numérique est perçu comme un moyen de continuer à atteindre et développer de nouveaux publics, particulièrement depuis la crise sanitaire, ce qui crée une addition des modes de diffusion, et augmente les émissions du secteur muséal.
Une dissonance face aux objectifs de développement durable dont s’emparent positivement les acteurs des Industries culturelles et créatives. PXN, l’association des producteurs et productrices indépendants, a récemment publié un Livre blanc sur la création numérique en constatant que « les créations numériques ne sont pas un à côté de la culture mais en constituent une part essentielle pour penser et raconter des récits contemporains ». Un constat qui s’empare de la question écologique à travers 2 propositions :
- Sensibiliser de manière adaptée l’ensemble de la filière immersive à la question de l’empreinte énergétique de ses productions : via des calculateurs carbones accessibles et adaptés aux formats immersifs, résoudre les besoins de stockages et de diffusions énergivores, mise en place d’une formation ad hoc, repenser les bonnes pratiques autour de l’archivage des données numériques…
- Lancer une étude d’ampleur sur l’impact des œuvres immersives à partir d’exemples concrets afin « d’aboutir à la mise en place de mesures plus contraignantes pour les oeuvres soutenues.
Une première étape nécessaire avant d’envisager la mise en place dans les prochaines années, pour les marchés publics, de critères qui devront impérativement considérer la question environnementale. Ainsi, selon la Loi Climat et résilience, la rédaction des appels d’offres devra prendre en compte au moins un critère environnemental, et les cahiers des charges techniques au minimum un objectif de développement durable (ODD). Pour à termes, conditionner le versement d’aides publiques à la fourniture d’un bilan carbone homologué, comme c’est l’objectif au Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC).
Les établissements culturels et scientifiques s’emparent depuis de nombreuses années des enjeux sociétaux autour du développement durable. Des enjeux qui se retrouvent autant dans les rénovations ou la construction des bâtiments que la conception d’expositions, de produits dérivés et de dispositifs numériques. Et qui concernent l’ensemble des actions menées par les musées, de leurs organisations en interne au développement des publics. En guise d’ouverture à cet article, un meet-up organisé le 8 décembre par Museum Connections revient sur ces différents enjeux avec le Louvre Lens Vallée, le Palais des Beaux-Arts de Lille et le Parc Zoologique de Paris.
Baudouin Duchange