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27 novembre 2020

Musées et monuments sont-ils ouverts a l’innovation ?

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Le week-end du 11 novembre a eu lieu Museomix, un marathon créatif de 3 jours dans 8 musées en France et à l’international. Créée en 2011, cette initiative est l’occasion pour {CORRESPONDANCES DIGITALES] de revenir sur un ensemble de collaborations dans le secteur patrimonial qui favorisent l’innovation : entre pairs, avec des universités ou des écoles ou avec des entreprises.
Museomix, marathon collaboratif de 3 jours avec pour mot d’ordre : réinventer le musée (photo prise au château des ducs de Bretagne).

1. Collaborer avec d’autres équipements culturels : innover entre pairs.

Ainsi, le Centre des Monuments nationaux (CMN) a accompagné le Musée du Louvre dans la mise en place de cartels numériques.

Initialement déployés au Château de Champs-sur-Marne, ces cartels mettent en avant différentes ressources complémentaires pour enrichir la visite de ses visiteurs : photos, historique, extraits de films tournés dans ce monument.

Dans le cadre du réaménagement du pavillon de l’horloge (Louvre historique), le musée a donc fait appel au CMN pour bénéficier de leur expertise pour réaliser ce projet.

Les cartels numériques mis à disposition des publics du Musée du Louvre au Pavillon de l’horloge (Louvre historique).

Ce type de partenariats a pour vertu de diffuser les savoirs, les compétences et expertises entre équipements culturels et, avantage non des moindres, de mutualiser un ensemble de coûts liés à la conception de ces dispositifs.

2. Collaborer avec l’enseignement supérieur : cadrer, expérimenter et évaluer ses projets.

Les musées et monuments sont de formidables terrains d’éducation et d’expérimentation pour les écoles et les universités.

Convaincue de longue date, {CORRESPONDANCES DIGITALES] réalise de nombreux projets dans l’enseignement supérieur en partenariat avec des lieux culturels.

Ces collaborations peuvent prendre la forme d’ateliers avec des étudiants dans le cadre de leurs parcours universitaires, de missions réalisées par les junior conseils de certaines écoles ou d’événementiels dédiés : organisation de conférences, de prix, de hackathons…

Les thématiques qui peuvent être abordées dans le cadre de ces partenariats sont nombreuses : réflexion sur la stratégie numérique d’un établissement, appui à la conception technique ou éditoriale d’un dispositif numérique, évaluation des usages qui en sont fait par les publics et des pratiques de médiation et de valorisation des professionnels.

En guise d’illustration, voici quelques projets récemment menés :

Le musée d’art et d’histoire du Judaïsme, terrain de réflexion des étudiants de l’Ecole du Louvre.
La 10e édition de la Biennale Internationale Design, occasion de déployer une stratégie de communication digitale innovante avec les étudiants de l’IESA.
Un site web mettant en lumière l’architecture, les collections et l’histoire du musée du Bardo par rapport à d’autres palais ottomans du Maghreb.

Ces collaborations passionnantes nécessitent néanmoins d’être encadrées pour assurer la montée en compétences des étudiants et délimiter les conditions de réappropriation des résultats par l’établissement partenaire.

Forcément expérimentaux, de par la mise à contribution de futurs professionnels en apprentissage, ces projets doivent donc s’inscrire dans une véritable réflexion pour bien partager les apports de chacun.

3. Collaborer avec des entreprises : expérimenter ou construire de nouveaux projets, dispositifs ou services.

Les établissements culturels entretiennent des relations très diverses avec les entreprises.

Celles-ci peuvent intervenir sur des projets numériques sous la forme de prestations, c’est le cas des agences de scénographie, de conseil en ingénierie culturelle ou en multimédia. Au regard des réductions budgétaires auxquelles font face nombre d’établissements culturelles, ce type d’interventions est en nette diminution.

D’autres entreprises, jeunes et innovantes, improprement appelées start-ups (le potentiel de développement prêté à ces entreprises est souvent limité dans le domaine muséal et patrimonial) prennent de plus en plus le pas sur ces prestataires. Elles proposent aux musées un ensemble de services numériques clé-en-main. Moins onéreux bien que moins « cousu main », ces services sont plus accessibles pour les musées et sont donc de plus en plus prisés.

A tel point que certains lieux culturels s’organisent pour accompagner ces start-ups dans une logique d’incubation. C’est le cas du Centre des monuments nationaux avec son incubateur du patrimoine (en collaboration avec l’incubateur culturel Creatis) ou du 104 avec le 104 Factory.

2 incubateurs qui mettent à la disposition de leurs résidents leurs ressources, leurs lieux et leurs équipes pour expérimenter des projets et innover.

Enfin, de grandes compagnies issues du secteur des télécoms, de la défense, du conseil ou de la communication collaborent dans le cadre de programme d’innovation ou dans le cadre d’une relation de mécénat avec les musées et monuments publics. Cet apport philanthropique peut consister pour une entreprise à apporter son expertise, ses compétences, ses ressources financières ou matérielles à un lieu culturel. A titre d’illustration, Altran (société d’ingénierie informatique), Orange, Google Arts&Culture proposent d’accompagner le développement de nombreux projets numériques culturels.

Google a ouvert depuis 2013 un lab à Paris et met à la disposition des institutions culturelles ses compétences, expertises et technologies.

Les relations entre entreprises et lieux culturels sont complexes. Elles peuvent faire l’objet de collaborations très diverses avec des modèles économiques à connaître et anticiper pour que, là aussi, la relation soit équilibrée. Un autre article sur le compte Medium de Correspondances reviendra donc bientôt sur ce point-là.

En conclusion, les projets et stratégies numériques des musées et monuments, au même titre que d’autres missions historiques, sont autant d’opportunités pour s’ancrer sur leurs territoires en faisant appel à la richesse économique, éducative et culturelle de leurs territoires dans une logique d’innovation ouverte.