En 2022, nombreux ont été les défis pour l’innovation patrimoniale : environnementaux, sociétaux et territoriaux… Un bilan s’impose en ce début d’année pour prendre la mesure des grands défis de 2023 !
En bref, les enjeux que nous avons identifiés en 2022 et nos ambitions pour 2023 :
- L’innovation patrimoniale est au cœur des territoires. En France, la richesse et la diversité patrimoniale favorise une multiplicité d’approches de l’innovation de façon mutualisée ou en réseau qui ne sont malheureusement pas assez valorisées à un niveau national.
- Les modèles d’innovation sont riches et variés. Durant cette année, nous avons eu a cœur de mettre en avant cette diversités d’approches dans le cadre de différents événements. Plus que jamais un diagnostic fin et une évaluation semble nécessaire pour choisir les modèles d’innovation les plus vertueux (scientifiquement, socialement, environnementalement, en termes d’usages tout simplement).
- Un engagement sans faille, bien plus important que l’idée initiale, est nécessaire pour faire vivre l’innovation. Quelques soient les manifestations de cette innovation, les défis semblent moins dans la conception de ces projets que dans les enjeux d’exploitation, de distribution et de durabilité.
1. L’INNOVATION PATRIMONIALE EST AU COEUR DES TERRITOIRES.
En France, la richesse et la diversité patrimoniale favorise une multiplicité d’approches de l’innovation de façon mutualisée ou en réseau. En 2022, nous avons réalisé un diagnostic de l’ensemble des projets numériques et immersifs culturels (réalité augmentée, réalité virtuelle et mapping) mis en œuvre en Région Grand Est. Plus d’une soixantaine de projets ont été recensés avec plus de 7 événements d’envergure centrés autour du mapping et portés par des collectivités (tels que Regalia à Reims, la Fête des images à Épinal ou Constellations à Metz, etc.).
Les lieux culturels ne sont pas en reste avec de nombreux projets particulièrement notables à l’instar des expériences VR proposées par le Mémorial de Verdun, le 5e lieu, la Maison Robert Schuman ou la Bibliothèque Humaniste de Sélestat.
Un tel essor des projets est aussi porté par un écosystème entrepreneurial et créatif particulièrement développé dans cette région par :
- De nombreuses entreprises technologiques (Virtual Journey, Brave New Media, etc.),
- Des agences de production audiovisuelle (telles que Seppia ou Monolithe Studio),
- Des artistes ou des entreprises de renommée internationale (à l’instar d’AV Extended).
Ce dynamisme bénéficie, en outre, de politiques culturelles actives de la Région et des différentes collectivités qui œuvrent au lancement régulier d’appels à projets, à l’organisation d’événements et à la mise en réseau de ces différents acteurs.
Un tel dynamisme est aussi présent dans d’autres territoires. La preuve en est avec ce projet de sentier d’interprétation patrimoniale que nous portons depuis 2 ans dans la Creuse en relation avec la DRAC Nouvelle-Aquitaine. La conception de ce parcours signalétique et numérique à mobiliser de nombreux acteurs territoriaux : Archeovision (pour les modélisations 3d), le 400 (un fablab) mais aussi différentes universités et écoles (lycée Raymond Loewy, universités de la Rochelle et de Limoges).
Plus que jamais ancrés au cœur des territoires, ces deux exemples démontrent des approches innovantes particulièrement variées entre transformation d’usages, mise en réseaux et technologies.
2. LES MODELES D’INNOVATION SONT RICHES ET VARIES.
Durant cette année, nous avons eu a cœur de mettre en avant cette diversités d’approches dans le cadre de différents événements. En octobre, à l’invitation du département du Val d’Oise, l’organisation d’un événement à l’Abbaye de Maubuisson a permis de démontrer la variété des approches pour rendre un lieu culturel plus attractif et son expérience de visite inoubliable.
En termes d’attractivité, différents leviers ont été mis en avant :
- Mise en réseau avec l’exemple d’un Club de 9 lieux culturels et touristiques entre Oise et Val d’Oise pour développer des opérations évènementielles communes,
- Développement d’activités d’hébergement et de restauration en lien avec des lieux culturels via le programme Réinventer le patrimoine d’Atout France,
- Mise en place de spectacles ambitieux tels que ceux proposés par Polaris Production,
- Création de programmes territoriaux innovants avec le Louvre Lens Vallée,.
- Optimisation du parcours de visite avec des créations artistiques immersives telles qu’imaginées au château de Beaugency ou des propositions polysensorielles telles que l’envisage Iris & Morphée.
Cette variété d’approches à été aussi soulignée lors du NUMIX LAB, événement francophone dédié à l’innovation. Dans le cadre d’un parcours itinérant entre France, Luxembourg et Allemagne, les studios de création, collectivités et lieux culturels participants ont pu visiter et aller à la rencontre de nombreux projets de (re)valorisation de sites patrimoniaux : usine hydroélectrique des chutes du Niagara, Salines d’Arc-et-Senans, Esch – Capitale européenne de la Culture ou la Rotonde à Luxembourg.
Ces différents lieux ont permis de mettre en avant les formes de revitalisation qui peuvent s’envisager pour valoriser les différents patrimoines d’un territoire : immatériel, industriel, historique, etc.
3. UN ENGAGEMENT SANS FAILLE, BIEN PLUS IMPORTANT QUE L’IDEE INITIALE, EST NECESSAIRE POUR FAIRE VIVRE L’INNOVATION.
Quelques soient les manifestations de cette innovation, les défis semblent moins dans la conception de ces projets que dans les enjeux d’exploitation, de distribution et de durabilité. C’est en ce sens que nous avons réalisé différentes missions pour inscrire au cœur de la stratégie d’ établissements culturels ces enjeux d’ innovation (ce fut le cas pour le Pôle d’interprétation de la préhistoire situé en Dordogne ou dans l’appui à la refonte du projet scientifique et culturel du Musée Dechelette).
Ces enjeux de durabilité sont prégnants quelques soient les formats numériques envisagés. Le travail de fond que nous avons réalisé avec Museovation et, en collaboration avec différents lieux culturels, pour rédiger un guide sur les visites en ligne pour le ministère de la Culture le démontre. D’un point de vue global, de tels formats de médiation à distance ne trouvent leur pertinence qu’en s’intégrant dans les politiques des offres globales d’un établissement culturel.
Par ailleurs, cette durabilité ne peut s’envisager qu’avec la volonté de maintenir et dynamiser les usages de dispositifs numériques sur un temps long. Concernant ce point, réfléchir à donner de nouvelles vies à ces dispositifs pour toucher et diversifier de nouveaux publics pourrait être une solution. C’est ainsi que nous avons accompagné et accompagnerons de nombreuses institutions culturelles dans la stratégie de distribution ex situ d’expériences ou expositions numériques immersives. Ce fut le cas avec Paris musées pour appuyer et accompagner la distribution d’une expérience VR ex situ dans d’autres lieux. Nous sommes revenus sur ces ces enjeux de production, d’exploitation et de distribution lors des Journées du management culturel en novembre.
Enfin, nombreuses ont été les contributions et les événements autour de la durabilité environnementale et sociétale. Nous y avons modestement contribué par la réalisation d’articles en lien avec Museum Connections et souhaitons en 2023 que ces enjeux soient pleinement intégrés dans chacune des étapes de nos accompagnements.
2023 s’annonce donc plein de défis pour valoriser les initiatives locales, identifier des approches d’innovations renouvelées plus durables tant d’un point de vue environnementales qu’en termes d’usages et de pratiques.
Antoine ROLAND