1. PARMI LES PROJETS QUE VOUS AVEZ RÉCEMMENT MENÉS, AVEZ-VOUS RÉALISÉ DES PROJETS AVEC DES PARTENAIRES INTERNATIONAUX (EN GESTATION, EN COURS DE MISE EN PLACE OU DÉJÀ DÉVELOPPÉS) ?
Au moins trois projets internationaux sont, implicitement, liés au NUMIX LAB. Le premier est une cocréation d’expérience immersive avec le studio de création français Mosquito qui vise à être diffusée en Europe et au Canada. En France, nous sommes aussi en discussion avec la Villette pour accueillir notre installation La Sentinelle dans un festival prévu en décembre 2023. Enfin, côté Belgique, nous sommes en discussion avec un joueur majeur pour la co-production d’une de nos œuvres dans l’espace public. Le fait de retrouver des créateurs et professionnels européens des industries culturelles et créatives lors de la dernière édition en novembre 2022 nous a permis de poursuivre les échanges et de les concrétiser.
Plus largement, notre actualité internationale m’évoque un ensemble d’autres projets. Par exemple, mirari est finaliste d’un important projet au Japon. Des perspectives aussi à Barcelone où nous sommes impliqués dans la création d’un espace immersif relié à une salle de spectacle. Le COVID a ralenti notre développement international, mais les projets sont en train de repartir, à l’image du Pavillon du Canada que nous avons imaginé pour la Foire du livre de Francfort en 2021.
Ces projets ont tous en commun d’utiliser les codes du spectacle vivant pour créer des œuvres immersives, des installations, des expositions… Nous sommes nombreux à venir du spectacle vivant dans le studio. Notre démarche créative nous amène à utiliser ces codes et ces outils à l’extérieur des murs de la scène afin de créer des expériences humaines et pleines de sens. C’est notre signature qui nous permet de nous démarquer d’autres créateurs ou studios.
2. POUVEZ-VOUS LES DÉCRIRE DANS LES GRANDES LIGNES (PUBLICS CIBLÉS, PROJETS ENVISAGÉS, MODÈLE DE COLLABORATIONS AVEC VOS PARTENAIRES) ?
Nous avons trois types de projets :
- Des installations et des œuvres mises en place dans l’espace public ;
- Des projets scénographiques (vidéo, espace, lumière) en art de la scène qui impliquent, entre autres, des expériences immersives ;
- De la scénographie augmentée pour événements d’envergure avec un grand déploiement.
L’ensemble de ces projets peut être installé in situ ou en extérieur. Généralement, nos installations sont plutôt conçues pour être à l’extérieur (parc, place publique, cour intérieure, etc.). L’idée est de les rendre accessibles gratuitement aux publics, touristes ou encore habitants de la ville. C’est ce que nous souhaiterions faire pour plusieurs projets que nous développons et co-produisons actuellement en Europe. A contrario, le projet commun avec Mosquito est aussi une coproduction que nous souhaiterions faire tourner dans des espaces immersifs types l’Atelier des lumières avec une forte dimension immersive et narrative pour les visiteurs. Ce projet est en phase de création et de financement
En termes de collaboration, ce qui nous intéresse avant tout en Europe est la diffusion de nos œuvres dans l’espace public. Nous avons plusieurs œuvres, soit, déjà existantes, soit, conçues sur le papier. Notre souhait est de les produire et de les construire en Europe pour qu’elles soient diffusées un peu partout sur le continent, notamment, en France.
Pour y arriver, nous sommes confrontés à certains défis et enjeux, et ce, plus particulièrement, en termes de distribution des œuvres dans l’espace public. Le réseau de distribution européen est moins développé que chez nous, en Amérique du nord, où nous avons ce qu’on appelle des business improvement districts. Ce sont des quartiers commerciaux disposant de moyens financiers importants pour investir dans ce type d’œuvres. En Europe, la philosophie est un peu différente. S’il existe des producteurs d’événements ou des agents d’arts numériques, il n’y a pas vraiment d’acteurs pour nous aider à distribuer nos installations. De plus, nous cherchons à trouver des moyens plus écologiques de diffuser nos projets, notamment en réduisant l’impact du transport en favorisant la fabrication et le déploiement avec des partenaires Européens.
3. DANS QUELLES MESURES CES PROJETS ONT ÉTÉ FACILITÉS OU INCITÉS PAR LES ACTIONS PORTÉES PAR XN QUÉBEC ?
Les actions portées par Xn Québec nous aident à plusieurs niveaux. Il y a, tout d’abord, le regroupement de producteurs et de créateurs d’expériences numériques qui est essentiel. Et puis un ensemble de propositions, telles que des ateliers, des événements locaux ou internationaux, des ressources, ou encore le concours des PRIX NUMIX. Ces différents efforts nous permettent d’acquérir en visibilité, mais aussi de stimuler la création et le déploiement de nos projets.
Par exemple, nous connaissions déjà Mosquito avant le NUMIX LAB. La dernière édition nous a permis réellement de renforcer les liens qui sont devenus des liens d’affaires nous permettant de s’asseoir ensemble pour écrire le projet.
4. AU COURS DE LA DERNIÈRE ÉDITION DU NUMIX LAB, COMBIEN AVEZ-VOUS EU DE CONTRATS SIGNÉS OU EN COURS DE NÉGOCIATION ET, S’IL Y A LIEU, POUVEZ-VOUS PARTAGER UNE ÉCHELLE DE VOS REVENUS BRUTS HORS QUÉBEC RÉALISÉS ET/OU ANTICIPÉS ?
On pense souvent en quantitatif mais dans le NUMIX LAB on est plutôt dans le qualitatif. Il est complexe de chiffrer directement les impacts financiers de projets qui se déploient à moyen et long terme. Par contre, on peut affirmer que les relations que nous avons créées avec de nombreux producteurs, créateurs et lieux de diffusion Européens sont fortes et pérennes. On sent vraiment qu’il y a un intérêt réciproque pour ces échanges et collaborations qui permettent de confronter positivement différentes pratiques et manières de faire propres à notre milieu.
Xn Québec nous permet d’avoir une visibilité sur les sources de financement, programmes, et les appels à projets. En complémentarité, le NUMIX LAB nous permet d’augmenter notre compréhension des marchés européens. Les rencontres avec des créateurs, diffuseurs, producteurs, personnes issues des institutions publiques nous ont aidé à comprendre comment fonctionne la culture entrepreneuriale et créative en Europe ainsi que les différentes strates de financements envisageables. Par exemple, le mécénat est couramment utilisé en France tandis qu’en marge au Québec. Ainsi, concrètement, l’union entre deux structures franco-québécoises nous permet de multiplier les sources potentielles de financements. Des opportunités inédites en termes d’intelligence d’affaires et de marché déployées progressivement lors des différentes éditions du NUMIX LAB.
Un autre avantage est de faire des rencontres qui sont plus fortes et plus pérennes que seulement des discussions B-to-B et autres rendez-vous d’affaires classiques. Je pense à certaines personnes travaillant à Paris Musées ou au Muséum national d’Histoire naturelle. Ce sont des professionnels avec qui j’ai pu lier des relations beaucoup plus fortes, qui ont compris notre manière de travailler, et qui aimeraient collaborer ensemble. Il y a une affinité, pas seulement au niveau des affaires, mais aussi au niveau humain. C’est d’ailleurs ce qui est, pour moi, dans les industries culturelles et créatives, le plus important. Nous ne vendons pas des savons. Ce que nous proposons, c’est avant tout des idées issues d’une créativité humaine provoquée par des rencontres.
Enfin, les visites de musées, de lieux culturels ou de tiers-lieux sont nécessaires pour stimuler notre créativité. Aller en Europe, ou accueillir au Canada, permet de sortir de notre cadre traditionnel pour nous amener à penser différemment, avec une inspiration ouverte sur le monde. Les rencontres culturelles, telles que celles proposées au NUMIX LAB, sont primordiales pour moi. Et, plus largement, pour développer des échanges internationaux entre les deux côtés de l’océan.
Propos recueillis le 6 février 2023 par Baudouin Duchange {CORRESPONDANCES DIGITALES]
Le NUMIX LAB 2022 coproduit par Xn Québec et {CORRESPONDANCES DIGITALES] a été rendu possible grâce à la collaboration avec le Film Fund Luxembourg, la Région Grand Est, Esch2022 – European Capital of Culture et le K8 Institut für strategische Ästhetik, ainsi que le soutien financier du gouvernement du Québec, de la Ville de Montréal et du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC).