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5 juillet 2024

Restitution des RICCI x Constellations sur la créativité artistique et numérique (Metz 2024)

Table des matières

La Région Grand Est organisait avec {CORRESPONDANCES DIGITALES] le mercredi 19 juin 2024, en lien avec le Festival Constellations, une journée professionnelle dans le cadre des Rencontres Internationales de la culture, de la connaissance et de l’Immersif (RICCI) à Metz. Ces rencontres portaient sur le thème suivant : Projets artistiques et culturels numériques – créativité, transmission et médiation.

Cette journée s’adressait aux professionnels de la culture et de la création artistique : Festivals, événements, collectivités, lieux culturels, artistes et structures de création. Elle a été introduite par Martine Lizola, Présidente de la commission Culture et mémoire de la Région Grand Est et Patrick Thil, adjoint au maire de Metz et conseiller délégué aux établissements culturels.

La programmation de cette journée a été pensée pour mettre d’abord en avant les enjeux de médiation immersive à destination des publics et habitants (matin) pour discuter ensuite des besoins de professionnalisation et de diffusion de la filière de l’immersion culturelle régionale et nationale.

La prochaine édition des RICCI aura lieu à Épinal, du 14 au 16 octobre. Inscrivez-vous dès à présent !

MATINÉE – “Transmissions – mettre en oeuvre des médiations autours des arts numériques”

Le thème de cette matinée portait sur l’accessibilité et les approches de médiations auprès des publics qu’impliquent ces formes d’expressions artistiques en régime numérique. Pour cela, un retour d’expérience de Constellation a été mis en avant montrant ses impacts pluriels pour l’espace public, les étudiants, les habitants et touristes de Metz. Deux lieux inspirants ont ensuite présenté des actions concrètes et leur méthodologie pour parvenir à diffuser dans leur territoire les arts numériques (St-Ex à Reims et le Kikk de Namur). Des projets souvent issus de programme d’expérimentation régionaux, nationaux ou européens comme l’on soulignés le K8 Institut (Allemagne), Bliiida (Metz) et Oblique/s (Caen).

Quelques installations et expériences de l’édition 2024 de Constellations (Metz) – sources

10h – 10h30 – Pour débuter, un retour d’expérience de Constellations. 

Depuis huit éditions, de juin à septembre, le festival Constellations met à l’honneur de nombreuses installations artistiques et numériques dans toute la ville de Metz. En 2023, plus d’un million de spectateurs ont ainsi pu découvrir 82 artistes représentés à travers 28 œuvres diffusées pendant 73 jours. Jérémie Bellot, directeur artistique du festival, est revenu sur la programmation de l’édition 2024 et sur l’impact de l’un des plus grands parcours artistiques numériques en France auprès des habitants de Metz et des touristes. Pour les équipes, l’objectif de cette édition était de proposer une continuité harmonieuse entre les parcours nocturnes et diurnes, un véritable défi pour intégrer les arts numériques en plein jour. Cette année, les visiteurs sont ainsi invités à découvrir 17 œuvres, dont 10 créations inédites, réparties sur un parcours de 2,5 km.

Focus sur le projet Black Out

Un exemple inspirant de cette programmation 2024 a été partagé par les artistes du Collectif 804 et les créateurs du projet Black Out, Sabrine Sidki (Collectif 804) et Guillaume Pouchoux (Desaxismundi), qui sont revenus sur les coulisses de leur processus créatif. Le Collectif 804, formé spécialement pour ce projet, a rencontré des défis significatifs en raison de la nature hybride de leur spectacle, combinant danse, arts numériques et son. La conception de leur œuvre a nécessité sept mois d’improvisation et de travail corporel. Créée il y a deux ans comme un projet de sortie d’école, l’œuvre a subi de nombreuses réécritures, aboutissant à deux formats distincts : une performance live d’une heure et une version enregistrée de dix minutes. Le travail sur les émotions et les atmosphères a été crucial, avec une musique conçue par Romain Barthélémy, designer sonore, pour traduire les sentiments en sons. Cette pièce, conçue comme une œuvre radiophonique, intègre les voix d’acteurs et divers éléments sonores, spatialement diffusés dans le Dôme, enrichie par l’univers visuel créé par Guillaume.

L’engagement de Metz pour les publics locaux

Le festival Constellations de la Ville de Metz fait de l’espace public un vecteur privilégié pour rendre l’art numérique accessible au grand public dans des lieux qu’ils fréquentent quotidiennement. En lien avec le festival, Élise Gaultier a présenté le travail de co-conception avec les scolaires, s’inscrivant dans le cadre de Metz, une ville engagée à 100% dans l’Éducation Artistique et Culturelle (EAC). Des ateliers pluridisciplinaires ont été organisés avec les étudiants de l’ESAL pour le transfert de savoir-faire, ainsi qu’avec des adultes professionnels grâce au mécénat de Constellation, et avec des familles et des adultes du centre social de l’Agora. Ces initiatives illustrent la volonté de la ville de Metz de transmettre et d’intégrer les arts numériques dans l’éducation et la culture locales en misant sur cet événement fédérateur.

La politique autour des arts numériques dans l’espace public, particulièrement inspirante à Metz, met en lumière les enjeux de transmission de ces nouvelles créations, et également de transmission à travers des ateliers de co-conception. D’autres exemples aux intentions similaires ont été partagé dans la conférence qui a suivi sur la mise en place de dispositifs de médiation autour de la création numérique et immersive.

10h30 – 11h30 – Conférence – Mettre en place des dispositifs de médiation autour de la création numérique et immersive.

Si “ les arts numériques épousent le concept d’«esthétique relationnelle » où l’art permet la rencontre, la proximité́ « interhumaine », et contribue à la « société relationnelle ».” (source : étude HACNUM 2023), il apparaît, néanmoins, important de sensibiliser et d’accompagner les publics vers ces formes d’expression artistiques, comme c’est le cas à St-Ex (Reims) et le KIKK de Namur.

Affiche de l’événement La Nuit Numérique porté par St Ex (Reims) – sources

Sensibilisation aux arts et aux technologies : Retour d’expérience de Saint-Ex (Reims)

Depuis 27 ans, le centre de culture numérique Saint-Ex à Reims est engagé dans un vaste chantier de sensibilisation, proposant une programmation ambitieuse d’expositions, d’événements et d’ateliers. Parmi ces événements emblématiques figure La Nuit Numérique. Géraldine Taillandier, sa directrice, a présenté ce temps fort de sensibilisation et de découverte des arts numériques, porté par Saint-Ex auprès d’un large public.

Profondément ancré dans la question des publics, St-Ex se mobilise sur l’accompagnement à la création numérique et la médiation grand public. La Nuit Numérique, l’un de leurs événements phares, propose une quinzaine d’œuvres artistiques alignées avec la thématique biannuelle de leur programmation. Leur approche repose sur l’idée que l’initiation artistique peut servir de porte d’entrée à la découverte des outils numériques. La direction artistique veille à ce que la programmation soit accessible et sensible, permettant ainsi aux œuvres de servir de médiation. Pour aller plus loin, ils accompagnent les visiteurs dans la découverte d’œuvres numériques plus complexes, avec une équipe de cinq personnes et une vingtaine de bénévoles, dont des étudiants de l’ESAL.

Plus largement, Saint-Ex s’efforce de rendre ses activités accessibles au plus grand nombre, en organisant, par exemple, des visites contées dès l’âge de 18 mois. Ils collaborent étroitement avec les artistes sur leurs installations et utilisent leur Fab Lab pour une médiation tangible, particulièrement bénéfique pour les publics en situation de handicap.

Le KiKK de Namur : Une plateforme territoriale créative

Des initiatives similaires sont organisées en Belgique, comme le festival KiKK de Namur, qui, d’abord réservé aux professionnels, au fil des éditions, s’est étendu sur toute la ville et s’est structuré sous la forme d’une plateforme territoriale créative et pérenne autour des cultures digitales. Gilles Bazelaire, co-fondateur du festival, a évoqué cette double dynamique d’élargissement des publics et de prolongation du festival sous d’autres formes en inter-saison.

Initialement créé pour aider leurs clients à comprendre les projets développés par Gilles Bazelaire et ses associés, le KiKK s’est transformé en un événement de plus grande envergure, avec un parcours de 60 œuvres dans l’espace public et la création de tiers-lieux comme le TRAKK. Le public du festival est très international, attirant 3000 professionnels, tandis que le grand public national, jusqu’à 30 000 visiteurs, est progressivement acculturé aux arts numériques grâce à des propositions ludiques. Le TRAKK et le nouveau lieu, le Pavillon, accueillent principalement des publics scolaires, locaux et associatifs. Ils mettent un point d’honneur à former des étudiants qui assurent la médiation devant les œuvres, ce qui enrichit considérablement l’expérience des visiteurs.

Une cascade de mousse réalisée par l’artiste Stephanie Luening devant le théâtre de Verdure pendant le KIKK  – source

Avec le temps, une compréhension accrue pour les œuvres numériques s’est développé de la part des publics locaux et nationaux, prouvant que l’acculturation à l’art numérique, bien que lente, porte ses fruits. Le KiKK travaille également à simplifier et cibler la communication du festival pour la rendre plus lisible, tant pour les professionnels (B2B) que pour le grand public (B2C).

De nombreux centres d’art et lieux culturels offrent une grande place à l’art et à la créativité numérique. Riches de leurs expériences en termes de médiation, ils ont partagé leurs expérimentations et leurs projets pour mieux accueillir et accompagner les publics mais aussi les inciter à participer et à contribuer à ces différentes formes artistiques et numériques.

11h30 – 12h – Pitchs écoles et programmes d’expérimentation – Former et favoriser l’émergence de talents créatifs.

Si les enjeux de transmission vis-à-vis des publics sont particulièrement prégnants, ils sont tout aussi essentiels en termes de formation et d’éducation de talents créatifs.

Bliiida (Metz)

C’est d’ailleurs l’une des missions que développe Bliiida et l’école d’art ESAL de Metz à l‘endroit des arts numériques afin d’inciter et de promouvoir de nombreuses collaborations artistiques entre ce tiers lieu et les étudiants en art. Ces différentes initiatives ont été présentées par Gautier Raguenaud, responsable du développement à BLIIIDA. 

Résidence de création de l’oeuvre Black out in variations, menée par Catmac, Desaxismundi et Romain Barthélémy et organisée par Bliiida et la Ville de Metz en mars 2024 – source : Ville de Metz

À BLIIIDA, un centre de création numérique sur 30 000 m2, un partenariat étroit avec des artisans et créateurs locaux est mis en avant pour soutenir la scène artistique locale. Une collaboration intensive avec des établissements d’enseignement comme l’ESAL et les Beaux-Arts de Metz permet d’accéder à des espaces et équipements dédiés. Par exemple, des semaines de workshops et de formations sont organisées, couvrant des domaines tels que le prototypage rapide et les logiciels d’IA, avec pour objectif implicite de former la prochaine génération de talents pour des événements majeurs comme Constellations. Ces ressources ont également été mises à contribution pour la résidence de création de l’œuvre « Black out in variations », dans un Dôme, installé Place de la Comédie, que les participants des Rencontres Interprofessionnelles des Cultures Contemporaines (Ricci) ont pu expérimenter en exclusivité lors de la soirée de lancement. Cet espace immersif propose une expérience unique avec du son spatialisé et six projecteurs. L’image, couvrant même le sol, offre une immersion totale.

Oblique/s (Caen)

Autre territoire, autres enjeux. Depuis 2020, Oblique/s travaille en partenariat avec Hacnum pour favoriser la relation entre arts et sciences, à la fois pour le secteur privé et le grand public en Normandie. Cette collaboration, élargie à l’interrégionale dans le Grand Oues,t se manifeste notamment à travers le festival Interstice. L’intervention de Luc Brou a mis en lumière les missions d’Oblique/s, notamment ses résidences artistiques avec des écoles supérieures d’art multimédia, financées sur quatre ans. Toutefois, l’enjeu actuel est de capitaliser sur ces initiatives pour créer une plateforme dynamique qui dépasse le cadre événementiel.

Caen, récemment intégrée au réseau UNESCO des villes créatives en arts numériques, est en train de se préparer pour l’année millénaire de la ville en 2025, avec un fort engagement dans les arts et les sciences. Ce partenariat intensif implique plusieurs laboratoires et le CHU, avec une vision vers 2027 où les relations arts-sciences créent une dynamique durable.

K8 Institute (Allemagne)

Des projets européens portés par un ensemble de partenaires (dont le K8 Institute), ont été présenté. Lancés respectivement en 2022 et en 2024 et, ils offrent des perspectives majeures en termes de créativité et d’éducation artistique.

Le premier, le projet Cyanotypes, présenté par Sónia Alves, se concentre sur les enjeux d’éducation et de transmission auprès des étudiants en écoles d’art face au développement de l’Intelligence Artificielle Générative. Leur travail sur les écosystèmes technologiques, tel que conceptualisé par James Bridle, explore les multiples intelligences du monde moderne, offrant ainsi de nouvelles perspectives sur les interactions entre arts et sciences.

Le deuxième, le projet IMPULSE, qui a été présenté par Julia Hartnik, rassemble 11 partenaires européens pour développer des logiques de patrimonialisation d’œuvres artistiques et créatives numériques afin d’en enrichir les possibilités de ré-usages et de régénération pour de nouveaux projets. L’importance de la recherche croisée entre arts, sciences et technologies, a été souligné, avec un accent particulier sur l’héritage culturel numérique. Leur collaboration avec BLIIIDA lors d’un hackathon en 2020 illustre bien cette approche expérimentale et pluridisciplinaire visant à surmonter les obstacles à la transmission de la mémoire numérique, qu’ils soient juridiques, économiques, d’accès, de médiation ou de création.

Les enjeux de transmission des arts numériques auprès du grand public recouvrent une diversité d’approches sous la forme d’événements et de festivals (tels que Constellations, le KIKK, St-Ex) ou d’actions de médiation / création allant jusqu’à la participation des publics. Que se soit sous la forme de festivals, de lieux dédiés ou de programme d’expérimentation, les publics sont la priorité des actions de transmission pour acculturer à ces nouvelles formes de création contemporaine. Pour autant, les arts numériques ont autant besoin de publics que de professionnel formé aux nouvelles expressions numériques. C’est pourquoi l’après-midi a été consacrée à la présentation de différents projets ou artistes afin de mettre en valeur leurs enjeux et besoins pour le futur.

APRÈS-MIDI – «TRANSMISSIONS – ACCOMPAGNER LA CRÉATION NUMÉRIQUE»

Dans son ouvrage L’art numérique, Christiane Paul, ancienne conservatrice adjointe au département d’art des nouveaux médias du Whitney Museum à New York, explore deux approches distinctes des artistes dans l’utilisation du numérique. Certains le considèrent comme un outil pour créer des formes traditionnelles d’art, tandis que,d’autres, le voient comme un médium à part entière pour produire des formes artistiques innovantes. Deux perspectives pour une multitude d’œuvres potentielles à créer,  résultant à la fois des technologies employées et des méthodes créatives propres à chaque artiste

La diversité considérable des formats artistiques numériques pose un défi majeur pour la diffusion des œuvres d’art numériques. Des lieux s’engagent en intégrant ces œuvres dans leur programmation afin d’accompagner les artistes et créateurs numériques dans le développement de leurs projets. De nombreuses initiatives transversales voient le jour, réunissant diverses disciplines telles que les arts, les sciences et la technologie, ainsi que différentes infrastructures comme les monuments, les musées, les universités, les centres d’arts numériques et les tiers-lieux. Ces actions incluent notamment des expositions, des événements et des programmes de recherche et développement.

C’est pourquoi la programmation de l’après-midi revenait d’abord sur des retours d’expériences d’artistes numériques, puis de lieux de diffusion ancré dans leur territoire, et enfin de festivals nationaux ou internationaux spécialisés dans les expériences immersives.

 13h45-14h30 – Pitchs d’artistes

Projet n°1 : Le Port de la Bordée présentée par Gaëlle Royer (autrice réalisatrice) et Vincent Tournaud (réalisateur) du Collectif la Bordée.

  • Présentation : Cette expérience collective immerge les spectateurs dans un voyage en bord de mer grâce à des équipements marins interactifs déclenchant des expériences sonores et visuelles.
  • Besoins : Recherche de diffusion sur d’autres territoires et de nouveaux partenaires pour étendre la portée de l’expérience.

Projet n°2 : Oeuvre par Jesus S. Batista (Artiste visuel)

  • Présentation : Originaire du Grand Est et en résidence aux Fresnoy, Jesus Batista a produit une pièce inspirée de sa résidence au Groenland en 2019. L’œuvre, basée sur des recherches sur les particules cosmiques, combine la composition du ciel et les aurores boréales. C’est une installation hybride avec un monolithe et des vibreurs qui permettent aux visiteurs de ressentir les particules cosmiques, simulant une expérience sensorielle unique.
  • Besoins : L’œuvre est prévue pour être diffusée en février 2025 à l’Hexagone en coproduction avec les Fresnoy. L’objectif est de concevoir une version de cette pièce pour l’espace public à une échelle plus large.

Projet n°3 : Sonosoccer présenté par Vivien Trelcat (Compositeur / interprète) du Collectif Sonopopée

  • Présentation : Le Collectif Sonopopée, basé à Reims, regroupe plusieurs artistes musiciens spécialisés dans le spectacle vivant et les nouveaux médias. Leur dernier projet, Sonopopée, est un spectacle installatif et interactif qui mélange musique expérimentale, danse, et technologies autour du thème du sport. Inspiré des jeux vidéo et des nouvelles arcades, le spectacle se déroule sur un terrain et intègre une performance en direct de danseurs et d’artistes de rue, transformant le match en une expérience joyeusement absurde.
  • Besoins : Après une première représentation à la Scène nationale de Reims et un événement à la Nuit Numérique à St Ex, le collectif cherche à diffuser le spectacle dans de nouveaux lieux et à collaborer avec de nouveaux artistes pour explorer différents scénarios. Le spectacle sera rejoué à l’Arche, mais de nouvelles dates et opportunités de collaboration sont recherchées.

Projet n°4 : Grégory Wagheneim (Designer graphique)

  • Présentation : Grégory Wagheneim est un designer graphique qui a développé un projet de mapping laser, explorant notre fascination pour l’espace. Son travail consiste à convertir des sons en images projetées, créant des compositions visuelles immersives.
  • Besoins : Nouveaux canaux de diffusion et nouvelles oppportunités de collaboration (institutions / artistes).

Projet n°5 : Toys in Space présenté par Nicolas D’Ascenzio (Directeur de création, Super Idée)

  • Présentation : Nicolas D’Ascenzio, directeur de création chez Super Idée, a développé une collection/exposition immersive intitulée « Toys in Space ». Ce projet créatif basé à Metz rend hommage à trois missions spatiales de la NASA et vise à interpréter ces missions à travers des œuvres d’art numérique dédiées aux enfants. L’exposition réinterprète des jouets utilisés par les astronautes dans l’espace pour mener des expériences, offrant une perspective artistique et éducative sur la science spatiale.
  • Besoins : Super Idée cherche des coproducteurs pour aider à produire de nouveaux jouets/œuvres et à établir des partenariats, notamment avec la NASA. Ils recherchent également des opportunités pour diffuser l’exposition, soit œuvre par œuvre, soit dans son ensemble, avec pour objectif de réintéresser les enfants à la science, en particulier aux thèmes écologiques et spatiaux. Une dizaine de dates sont prévues entre 2024 et 2025 en France et à l’étranger.
Pour en savoir plus, lien vers le site internet de Toys in Space

Projet n°6 : Installation sur le Soleil présentée par Guillaume Marmin (Artiste visuel)

  • Présentation : Guillaume Marmin, artiste visuel, a développé une installation immersive inspirée par une rencontre avec une astrophysicienne de l’observatoire de Meudon, spécialisée dans l’observation du soleil. Ce projet inclut une banque d’images solaires, obtenues grâce à des machines télescopiques et mises à jour toutes les 10 minutes pour offrir une animation en quasi-temps réel. L’installation, conçue pour être une expérience physique, combine des éléments scientifiques et artistiques pour explorer l’évolution du soleil sur un siècle.
  • Besoins : Guillaume Marmin cherche à diffuser cette installation et à créer des connexions émotionnelles entre les gens par le biais de cette expérience partagée.

14h30-15h30 Conférence – Favoriser l’émergence de talents et de projets créatifs, culturels et artistiques structurants – quelques retours d’expériences

La plupart des centres d’art dédiés à la création numérique sont à la fois des lieux de diffusion mais aussi de résidence, d’expérimentation et d’accélération de projets artistiques.

Le vaste espace pluri-culturel dédié à la création artistique et numérique à Garche : le Cube – source.

C’est le cas, par exemple, du Cube. Situé à Garches-Les Gonesses, le lieu se définit comme un pôle de diffusion d’innovation culturelle de 10000m2 avec une large diversité d’espaces : des salles d’exposition, de spectacle et de cinéma, une médiathèque, un fablab, des studios d’enregistrement ainsi que des ateliers. Avec de tels équipements, les équipes déploient une programmation à la croisée entre pratiques artistiques et pratiques numériques,  proposant une large palette d’activités autour de l’art actuel, d’ateliers créatifs, de formations artistiques, d’accès à la culture, ou encore de fabrication numérique. 

Clément Thibault, son Directeur des arts visuels et numériques est venu présenter une série d’expositions et d’expérimentations menées in situ avec pour objectif de les produire, les diffuser ou de les faire grandir. Le Cube est un centre d’innovation culturelle étendu sur 10 000 m2, comprenant deux salles d’exposition, un cinéma, et prochainement une salle immersive. Il se positionne à l’intersection de l’art et de la technologie, visant à décloisonner l’art en milieu public. 

Un projet alliant art et science mené par le CNRS explore les impacts des ondes sur le corps humain à travers une œuvre épistémologique, ayant généré 1200 portraits exposomiques dans le cadre d’un appel à projets avec deux artistes, actuellement en réflexion pour sa diffusion.

La stratégie d’acculturation aux arts numériques de ce lieu, situé dans un contexte de grands ensembles dépourvu d’institutions établies, consiste à transformer la relation entre le public et l’art. Cela se traduit par des médiations situées comme des audioguides multilingues et des résidences artistiques axées sur la co-création avec la communauté locale. Le Cube applique une politique tarifaire volontaire, facilitant l’accès avec des tarifs réduits pour le cinéma et le spectacle vivant, ainsi que l’entrée gratuite aux expositions. Ces initiatives éducatives accueillent plus de 700 élèves et 1000 enfants chaque année pour des programmes éducatifs et des ateliers de bricolage numérique.

D’autres lieux de création dédiés aux arts vivants développent aussi des programmes d’expérimentation à la croisée des arts et des sciences. Jonathan Thonon, Adjoint à la Direction générale et responsable des projets européens et de l’innovation au Théâtre de Liège en Belgique est revenu sur différents projets arts / sciences développés récemment en collaboration avec une multiplicité d’acteurs (entreprises, laboratoires, artistes, lieux de diffusion, etc.). Depuis 2006, le théâtre est reconnu en tant que Centre européen de création théâtrale et chorégraphique. Il a récemment lancé un programme international, IMPACT, axé sur la collaboration entre les arts, les sciences et la technologie. Sur la base de retours d’expériences, Jonathan a présenté la façon dont ce pôle de création arts/sciences/technologies s’est structuré et stimule l’innovation transsectorielle au sein d’un pôle réunissant 3 pays, 3 langues, 5 cultures et plus de 4 millions d’habitants. 

Comme le montre l’expérimentation, les arts numériques se croisent de plus en plus avec d’autres domaines de la création culturelle, comme la musique, le théâtre, la médiation patrimoniale, les beaux-arts, la formation technologique, et même les sciences avancées. Cette convergence a conduit à l’émergence de lieux hybrides, qui intègrent les formats artistiques numériques dans leur programmation. Deux exemples concrets illustreront cette tendance lors de la conférence : 

  • le programme MédiaLab de l’Arche à Villerupt, dans le Grand Est : Julien Floria, Directeur de L’Arche à Villerupt, a lancé en mars 2022 un lieu « outil » essentiel pour la capitale européenne de la culture, offrant une plateforme intégrée de création, formation et accompagnement. Ce lieu vise à catalyser la transition vers les arts numériques en accueillant une variété d’acteurs créatifs, permettant ainsi l’expérimentation continue et la collaboration innovante. Un exemple marquant est le projet Macrobiome du Cheval Vert, soutenu par la région Grand Est, qui combine l’art et les sciences pour sensibiliser le public, en transformant les visites en une exploration interactive et éducative.
  • et le projet Pali Pali, un accélérateur d’initiatives artistiques, culturelles et solidaires visant à convertir des lieux patrimoniaux à travers des approches hybrides : Edouard Meier, Directeur de Pali Pali (Bruxelles, Belgique), a présenté leur initiative de créer des lieux hybrides pour accélérer des projets artistiques, culturels et solidaires. Pali Pali accompagne environ 500 organisations, notamment des artistes numériques en résidence, attirant jusqu’à 400 000 spectateurs par an. Ils collaborent avec les pouvoirs publics pour transformer des espaces comme un manège avec l’entreprise ACTVL lors d’événements comme Bright Brussels, attirant 400 000 visiteurs en 4 jours. Malgré des défis techniques dans des lieux atypiques, comme des centres commerciaux, ils gèrent efficacement avec un directeur technique pour 5 sites, offrant des possibilités de diffusion inédite pour la création numérique contemporaine.

Ces différents tiers-lieux, “aux multiples espaces et vocations entremêlées”, associent des propositions artistiques innovantes à des pratiques plus traditionnelles, en mettant en avant des objectifs sociaux et de développement territorial.

Riches de leurs diversités, ces différents lieux mettent à disposition, leurs équipes, leurs expertises, leurs réseaux, leurs espaces et un ensemble de moyens à la disposition d’artistes pour créer des projets créatifs et innovants. Ces approches, souvent exploratoires, favorisent l’émergence d’ambitieux projets artistiques et se confrontent aussi à un ensemble d’enjeux et de freins que cette rencontre a mis en perspective avant d’aborder, en guise d’ouverture, les enjeux de diffusion et de transmission de telles œuvres à un large public.

15h30-16h – Pitchs de diffuseurs – festivals / lieux

Les festivals jouent un rôle essentiel dans cette diffusion tant auprès des professionnels (voir l’article d’HACNUM Un marché des arts numériques (enfin) structuré ?) qu’auprès du grand public. C’est dans cette optique que différents représentants de festivals d’arts numériques ont présenté leurs positionnement, leurs enjeux et leurs projets futurs.

Immersion au coeur du festival L’Ososphère – source

Le festival strasbourgeois L’Ososphère sera ainsi présenté par Thierry Danet, Directeur d’Artefact. Né à Strasbourg en 1998, cette manifestation culturelle a été initiée par les créateurs de La Laiterie, salle de musiques actuelles, afin d’explorer de nouvelles formes artistiques. L’Ososphère a ainsi développé un programme d’actions autour des cultures numériques qui se déploie dans le temps et dans l’espace urbain de Strasbourg : nuits électroniques, expositions, parcours artistiques, projections, concerts, croisières sonores, workshops, conversations, radio.

Mathieu Vabre, Codirecteur et Directeur artistique de Seconde Nature et Zinc à Marseille, a présenté la Biennale des Imaginaires Numériques Chroniques.

Une des oeuvres exposées à la futur Biennale des imaginaires numériques – source

Initié avec une dizaine de partenaires dans le sud de la France, ce festival propose une programmation innovante mêlant arts visuels, arts sonores et spectacle vivant. En 2023, plus de 80 artistes ont été invités sur le thème de la nuit, tandis qu’en 2024, le festival explorera le plaisir en relation avec les algorithmes de recommandation et de personnalisation inhérents aux nouvelles technologies. Présenté comme une biennale, l’événement se déroulera du 7 novembre 2024 au 20 janvier 2025.

Le Festival Scopitone sera, quant à lui, présenté par Anne-Laure Belloc, Directrice de la programmation Arts & Cultures numériques de Stereolux à Nantes. Organisé par Stereolux, le festival est un rendez-vous de dimension internationale, dédié aux cultures électroniques et aux arts numériques. Il attire entre 25 000 et 50 000 festivaliers selon les formats, et met en avant près d’une soixantaine d’artistes grâce à des concerts et performances, des créations et installations artistiques, des conférences/workshops et rencontres b-to-b et des propositions spécifiquement dédiées au jeune public. 

Enfin, Julien Pavillard, Directeur des Evènements de la Ville de Lyon et coordinateur général de la Fête des Lumières est venu présenté les enjeux de la prochaine édition de la célèbre manifestation culturelle lyonnaise.

Ces dernières années, les arts numériques se sont progressivement diffusés en France et à l’international auprès d’un large public grâce à la mobilisation d’événements d’envergure, de festivals ou de centres d’arts. Ce foisonnement est aussi largement alimenté par la vitalité créative qu’impulse une variété de lieux, de programmes, d’événements et de festivals ou structures d’enseignements aux avant-postes de l’expérimentation et de la créativité à un niveau territorial, national et international. Cette journée mettra en avant l’ensemble de ces dynamiques de transmissions.

La prochaine édition des RICCI aura lieu à Épinal, du 14 au 16 octobre. Inscrivez-vous dès à présent !